Il y a quelques mois Metallica annonçait sa venue dans la capitale pour la tournée dédiée à l’anniversaire (20 ans) du Black Album.
Bien évidemment, les places sont parties comme des petits pains, c’est ce que l’on voulait nous faire croire au début,mais en patientant il y avait toujours moyen de trouver des places remises en vente à droite ou à gauche.
Au final le stade a été bien plein malgrè le prix hallucinant des places.
Oui c’est soit-disant le plus grand évènement « métal » que la France ait connu en terme d’affluence, mais voir les prix en fosse or à 73€, les gradins à plus de 90€, il y a vraiment de l’abus. Le débat fera toujours rage, et ne prendra jamais fin puisque toutes les places sont parties.
L’organisateur du concert (Salomon Hazot, Nous Productions) annoncera plus tard que ce concert a été un record dans le nombre de spectateurs, 74 000, « le deuxième plus gros concert jamais réalisé par Metallica en Europe », en trente ans de carrière. Belle performance il est vrai.
Toujours est-il qu’une bonne soirée est prévue, dès que l’on arrive à la gare RER les stands de bouffe et bière harcèlent les fans avec les morceaux du groupe, comme ce qui est devenu une habitude maintenant. Ce qui permet aux spectateurs pas forcément éclairés de réviser les classiques (oui ce concert est un peu devenu « hype », « the place to be »)
Gojira
(gojira-music.com // www.facebook.com/GojiraMusic)
Devenus amis avec Metallica suite à quelques premières parties dont une tournée avec les Four Horsemen aux States, Gojira se voit « logiquement » attribuer le droit d’ouvrir le bal ce soir.
Première constatation, les basses sont énormes, le son est fort mais très brouillon. (Lot commun à toutes les premières parties de « gros » concerts)
Très dommageable car la musique du groupe demande de la clarté pour bien discerner les éléments qui la composent.
Du coup il faut vraiment connaitre le groupe afin d’apprécier un peu. Les néophytes (et ils doivent être assez nombreux dans les fans de Metallica) auront du mal à apprécier. Le groupe reçoit malgré tout un très bon accueil et cela fait plaisir à voir.
Au niveau setlist c’est assez classique, bien sur il manque du temps pour faire tous les morceaux que l’on voudrait entendre, et on a droit au petit nouveau diffusé sur le web quelques jours avant issu du nouvel album à paraitre en juin.
30 minutes de jeu seulement, un début de concert à 19H donc tout le monde n’était pas rentré (toujours frustrant de voir les fans de Metallica venir uniquement pour leur groupe favori. Je ne parle pas ici des nombreuses personnes bloquées dans les contrôles)
En tous cas le stade est tout de même correctement rempli.
Gojira se voit décerner le label du « groupe extrème ayant joué devant le plus de personne en un concert en France ».
Apparemment, record aussi dans les loges du stade : 120 décibels. (Metallica ne feront « que » 100).
The Kills
(www.myspace.com/thekills // www.facebook.com/TheKills)
Là, c’est un tout autre débat.
Les deux principaux protagonistes du groupe arrivent sur scène. Un guitariste avec une petite écharpe autour du coup, très « bobo-style ». La chanteuse élancée avec ses cheveux rouge ou orange, plus 4 percussionnistes.
Tout de suite on sent que ça va être assez différent.
Les musiciens sont à fond, la chanteurs se donne bien, bouge et chante comme il faut, le guitariste balance ses riffs, certains qui ne sont pas sans rappeler quelque peu les White Stripes. Les percussionnistes mettent de l’énergie à tout ça.
Mais cela reste très rock-bobo-garage. Un peu du genre « le groupe hype du moment qu’il est trop cool d’écouter et qu’on verra au Rock En Seine ».
Donc le fan de Metallica, aussi bourrin et borné soit-il, n’accepte pas du tout ce son.
Il ne cherche même pas à écouter, les protestations se font entendre et au fur et à mesure les doigts d’honneur levés au ciel sont assez nombreux, les huées entre les morceaux également, etc. Certains tourneront carrément le dos à la scène pendant la durée du concert.
Il est vrai qu’en stade ce n’est pas la meilleure exposition que puisse avoir le groupe. Mais voila, est-ce une bonne raison pour huer un groupe, l’humilier ainsi ?
Un peu de respect envers les autres groupes serait une bonne réaction, mais que demander à ces gens ?
A noter le dernier morceau du groupe « Fuck the People », où beaucoup de monde dans l’assistance étaient encore avec le majeur en l’air. Du coup cela sonnait presque comme s’ils suivaient le message de rebellion du groupe et étaient fans.
Ils se sont un peu fait prendre à leur propre jeu.
Metallica
(www.metallica.com)
Avant de parler du concert de Metallica, parlons des « fans » qui constituent l’assemblée ici présente.
Un bon nombre d’entre-eux ne font qu’une seule sortie musicale dans l’année, soit AC/DC, soit Metallica. On trouverait un peu moins de monde à Iron Maiden et Slayer mais c’est à peu près la même chose. Nombreuses personnes au cerveau ralenti où seul un groupe existe dans leur vie.
Dénigrement des autres groupes, dénigrement des flyers qu’ils peuvent recevoir (on peut voir des « ah t’as vu l’affiche du Hellfest, oh putain il y a des bons groupes (ou pas ..) » alors que l’affiche est connue depuis plusieurs mois (et l’info disponible partout, mais vraiment partout même dans le métro, le journal 20minutes etc.).
Bref, tout ceci pour dire que lorsque je vais à ce concert, je me sens un peu à part, un peu un ovni alors qu’on devrait être une sorte de « communauté » (même si je n’aime pas ce concept).
Entouré de plusieurs milliers de personnes, j’ai l’avantage d’aller en fosse or où je suis assez bien placé par rapport à l’avancée de la scène qui va dans la foule. Compressé certes, mais on peut voir les musiciens d’assez prêt.
Quand le concert démarre, les gens sautent, pogotent sur des parties pas forcément adéquates. Je n’ai pas trop compris, toujours surprenant, soit.
Que dire du concert en lui même ?
Un Metallica en roue libre.
Quelques vieux morceaux en guise d’apéritif. Début sur Hit the Lights, enchainement sur Master, puis un No Remorse des familles etc .. jusqu’à un horrible titre du tout dernier EP en date. Rien d’intéressant dans ce morceau, le vide intersidéral. On sent même l’ambiance qui baisse d’un niveau, tout le monde attendant la fin.
Puis vient le Black Album avec la setlist inversée. Oui inversée. Un comble. J’aurai tant souhaité l’avoir dans l’ordre, le vrai, celui avec lequel on a usé le compact disc à force de l’écouter dans nos plus jeunes années. Mais non.
Tout de même, quel plaisir d’entendre les morceaux de cet album. Il y a du lourd, personne n’en doutait. Tout le monde le connait par coeur, c’est beau.
Cependant, rien de magique sur scène. Le groupe repose sur un album culte et y va tranquillement. James parcourt la dizaine de micros qu’il a à sa disposition, on ne sait jamais où le trouver quand on le perd du regard, ce qui est cool pour les fans car où que l’on soit on le verra dans son angle à un moment donné. Le bassiste fait ses singeries comme depuis toujours, Kirk se balade en balançant ses soli sans trop de fausses notes, Lars, fidèle à lui même simplifie son jeu mais arrive à me surprendre car je m’attendais vraiment à le détester sur ce concert (son jeu est devenu vraiment énervant, ultra basique et caricatural ces dernières années). Au final, il joue, sans non plus se donner trop de difficulté et se lève de son siège dès qu’il a 2 secondes en rab. Physiquement il ressemble fortement à Phil Collins, beaucoup se sont fait la remarque à juste titre.
Une séquence rappel qui arrive très rapidement démarrée par Battery et enchainée avec un One explosif. Les artifices ont vraiment tout fait exploser, c’était vraiment hallucinant. Je plains ceux qui avaient oublié leurs boules-quiès. Beau à voir, très réussi !
Metallica aujourd’hui en live, c’est comme sur leur dernier « vrai » album « Death Magnetic ». Les morceaux sont ce qu’ils sont, pas mauvais voire très bons, cultes. Mais la réalisation ne me convainc plus du tout. On ne sent plus rien, c’est juste devenu une machine, bien plus qu’auparavant.
La magie n’opère plus et je trouve dommage que beaucoup ne s’en rendent pas compte. Je trouve dommage qu’avec un concert moyen offrant tout ce que l’on attendait sans plus, tout le monde arrive à être aux anges.
Je suis très critique sur ce concert, à raison.
Il existe tant de concerts magnifiques, tant de groupes talentueux, mais dès que Metallica foule les pieds d’une scène tout le monde trouve ça magique.
Désolé, cela ne prend plus, il faudrait qu’ils nous reproposent de la qualité, ce serait ce que je pourrais espérer de mieux. Malgrè le fiasco artistique de Lulu, j’y crois encore naïvement.
Mais en live, Metallica au Stade de France sera probablement ma dernière expérience.
Allez Metallica, encaissez vos sous, faites cracher vos fans (qui pour la plupart n’achètent QUE du Metallica), et refaites une cure de création musicale pour revenir avec quelque chose de digne.
Aux fans qui auraient lu mon article et seraient offusqués : désolé. Ne le prenez pas mal, je n’ai rien contre les fans de musique, et si je vous ai tant offusqué, ouvrez vos yeux et vos oreilles, il y a masses de groupes qui méritent aussi d’être supportés.
J’ai aimé Metallica, j’aime encore et j’aimerais toujours. En live j’ai eu de belles expériences avec le groupe (remember le Bataclan’2003) mais aujourd’hui ce n’est plus possible.
SETLIST METALLICA AU STADE DE FRANCE 12/05/2012
1. Hit the Lights
2. Master of Puppets
3. No Remorse
4. For Whom the Bell Tolls
5. Hell and Back
6. The Struggle Within
7. My Friend of Misery
8. The God That Failed
9. Of Wolf & Man
10. Nothing Else Matters
11. Through the Never
12. Don’t Tread On Me
13. Wherever I May Roam
14. The Unforgiven
15. Holier Than Thou
16. Sad But True
17. Enter Sandman
++
18. Battery
19. One
20. Seek & Destroy